Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

05 juin 2005

france du milieu

France du milieu
Ce n’est pas toujours confortable. Par ta position, un dimanche matin, devant l’ordinateur, tu touches au haut : culture et loisir, orthographe vérifiée automatiquement, déplacement possible en auto, téléphone portable et appareil photo numérique … Par tes souvenirs récents tu penses au bas dont tu viens. Tu l’envies presque ce bas : ritournelle quotidienne de l’employée de salle aux thermes « Pa la la la Petit tambour … » Elle sent son cœur qui bat baba lalal...
Tout le monde la connaît sous son prénom. Tout le monde le lui sert à Paulette sur un plateau son prénom qui n’a rien de remarquable. Les curistes, le personnel de cure. Les médecins eux-mêmes pour les plus sympas viennent s’asseoir un moment dans le couloir. Ses pas sont limités de 7h à midi au couloir dont elle s’occupe. Passer la serpillière au sol toutes les dix minutes : les vaporisateurs distribuent l’eau soufrée aux quatre coins, essuyer et désinfecter les bacs après chaque client, croire sans état d’âme aux supériorités de la javel … et chanter, et tchatcher … Avec les copines de par ici qui passent, avec les messieurs affables vieux clients ou nouveaux qui lui font tous les yeux doux … rassurer les gamins et les vieilles dames, enclencher les machines … « Elle a des tâches de rousseur charmantes » pensent les vieux messieurs, un sourire sans équivoque. Elle est grand-mère. Tiens je n’aurais pas cru ! Je la prenais pour une jeunette. C’est que je suis en passe de devenir arrière grand-mère. Mes petits -enfants dans quelques années vont atteindre le stade de la reproduction. Mes appréciations sur les âges sont faussées par le mien grandissant
Mère : tu es du milieu, grand-mère tu commences à glisser sur la droite et la suite … C’est la vie Mamie !
Est-ce que Paulette envie ma retraite et mon application à la pipette et aux gargarismes ? ça m’étonnerait. Une certaine France d’en-bas se porte bien là où elle est. Contente d’avoir du boulot, contente d’habiter le beau Pays d’Allevard, contente d’être grand-mère et satisfaite que Dalida nous ait laissé un petit tambour pour battre la cadence …
Même si un nom à particule a remplacé un nom d’En bas au gouvernement, un nom à consonance émigrée accolée à la France éternelle, je ne crois pas que pour moi le changement soit d’importance.
Je reste au milieu. Sauf en bloguant où je peux m’octroyer toutes les identités sur l’échelle. J’ai découvert que Gelzy mon nom récent est porté sur le net en nom de famille par une tribu de quelques 200 membres. Là encore m’imaginant seule sur la vague je suis goutte dans le courant. C’est le plus souvent rassurant d’être du milieu, le juste milieu, pas le milieu dangereux. Entre le oui et le non comme dimanche dernier. Quelquefois inconfortable. Mais qu’est-ce qui m’empêche d’essayer le parapente ? Entre ciel et terre, la terre vue de haut mais toute proche encore et si belle en couleurs en ce moment, le ciel vu d’en dessous mais limité à son plafond de nuages.
Je suis née coiffée. J’aime le vent qui décoiffe, à condition qu’il ne titille pas trop fort les sinus. Un Dimanche matin jour du seigneur je suis en position intermédiaire OK .

1 commentaires:

Blogger David a dit...

je lis... de temps en temps je relis... ce que je lis me plait, me touche, me prend... merci, Madame! continuez...

(je lisais Julie quand je vous ai decouverte... merci, Julie!)

mercredi, 08 juin, 2005  

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