Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

04 juin 2005

temps pour tout

Temps pour tout

Il y a temps pour tout et j’ai tout mon temps.
Le temps mesuré par les sabliers, les pendules, le temps de cure me convient.

Le temps de nuit sans sommeil ne semble pas me manquer pour aborder le temps de jour ce matin. J’avais arrêté le réveil et cependant me suis réveillée avant l’heure.

Premier sourire du matin : celui de Romain qui devant l’hôtel en attendant de partir pour l’école saute sur les bords de trottoir posés sur du sable. On est en train de refaire la rue. Quand je suis arrivée hier tirant ma valise à roulettes, j’ai eu des doutes sur ma tranquillité future. Déjà que le temps était à la pluie. Mais aujourd’hui le temps qu’il fait est en progrès, se rassérène. Le temps qui passe, lui, est fixé.
J’ai temps pour tout, vivre et soigner, écrire et lire, recommencer et découvrir … Photographier.
Sur le bout de pied de Romain, fils des hôteliers (il s’est immédiatement présenté) un papillon est déposé. Un beau papillon, de nuit sans doute, tant il est gris. Un beau papillon immobile en attente de photographie. Je retourne dans la chambre pour y chercher mon appareil. Quand je reviens Romain a déposé dans une boîte blanche en plastique sa découverte pour l’observer au microscope. Entre temps il troqué le tutoiement de notre rencontre par un vouvoiement plus cérémonieux. Je lui dis ma déception. Une curiste sort de l’hôtel et se retient d’avancer pour ne pas gêner la photo. Je l’invite à y participer, elle accepte avec des mercis.
Idem pour toutes les autres propositions : la jeune femme de l’équipe municipale qui taille la haie, les maçons qui crépissent le mur d’en face. Un qui tague le produit en lignes ondulées de gauche à droite, l’autre qui lisse … De la relecture de Julie hier « moi aussi j’ai commencé doucement et je n’écris pas tous les jours mais finalement il m’arrive tous les jours quelque chose » (citation de mémoire) j’ai ouvert ce matin un oeil plus perspicace sur les aventures du jour. Dans le parc des thermes j’ai imaginé trente-six photos ( des curistes avec leurs sacs bleus, des enfants qui traversent pour se rendre à l’école …) Finalement la petite ville n’est pas aussi vieille, aussi morne qu’elle m’est apparue hier. C’est moi qui aie changé bien sûr. Les deux profs ou instit se disent au revoir en bonnes collègues « Merci pour le café ! » ; des mères de famille se congratulent sur leur progéniture. L’une a affublé son bout d’homme qui marche tout juste d’un casque cycliste. Est-ce pour lui éviter les bosses ?

J’arrive en avance et m’installe dans mon bouquin trouvé sur une étagère de l’hôtel : André Brink
« Une saison blanche et sèche »
Bonne humeur : dès le début j’imagine (comme pour les photos) une cascade d’écriture en partant de la première ligne du roman.
Le temps donc découpe entre les pages du bouquin les espaces consacrés à la cure. Soigneusement notés, chronométrés ils en acquièrent de la souplesse. Sauf bien sûr quand le soin est trop coercitif, la pulvérisation par exemple. Là je lâche la mesure de la chanson qui passait, la formule à répétition, depuis « ohm bourboura souvouaha tat savitur varénian » jusqu’à « adolescent morose oh oh oh oh oh » répété samedi avec Claude en passant par « Notre père et je vous salue Marie ». Pendant ces soins-là je ne peux pas lire. Mes lunettes s’embuent, mon nez dégouline …
Une des dames de salle ( pas des infirmières, encore moins des médecins, seulement des servantes, des auxiliaires de vie comme on le dit si bien maintenant et payées sans doute au smig) fredonne à côté de moi. Je coince ma respiration par la bouche juste le temps de reprendre quelques notes avec elle. De quel air connu ? J’ai oublié mais le partage nous permet d’échanger un commentaire sur les infos d’hier au soir qu’elle et moi avons suivi tout en étant « gavées » par la langue de bois. Nous concluons sur la nécessité d’inventer « autre chose » de moins bloqué pour l’avenir. Bonne humeur. Il me semble découvrir ici dans ces thermes à gestion municipale une autre ambiance qu’à « la chaîne du soleil »
Découvert au musée un tableau de Jean Cognet sur Allevard. Je me souviens de son appartement à Grenoble où il nous avait invités. Je me souviens de Barbotan et de lui avoir préparé la soupe le soir où il était venu rejoindre France.
Temps de flâner, de faire la sieste, de regarder les feux de l’amour ! La petite sœur de Romain que j’ai entendu japioter dans la cuisine vient me voir et tente de s’emparer de mon attention. Elle s’appelle Aurore. Elle porte des lunettes qui glissent de son nez. Elle reviendra après l’orthophoniste mais quand je reviens moi, de ma balade je ne la trouve plus pour lui lire le livre réclamé …
Nous sommes nombreux aux info à écouter Chirac. Chacun réprime ses réactions. Politesse et prudence vis-à-vis des autres.
Etc … Une journée chaude et tranquille. St Pierre d’Allevard ce soir en aquarelle un peu, et en photo (clocher du 11 eme siècle)

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