Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

04 juin 2005

vert et bleu 3-6

VERT ET BLEU

Dans l’arbre en face de ma fenêtre, ( qu’est-ce que c’est ? un noyer !) une dentelle bleue qui borde le grand drap du ciel.
J’ai photographié les ouvriers du chantier dans la rue. Ils ont abandonné leurs outils, leurs machines sans souci pour le goudron fumant pour se regrouper,(faire le pitre : un grand gaillard hilare), embarqué le chef de chantier sur la photo de groupe. Je commence à comprendre le blog de Julie. Je n’imaginais pas à quel point les gens ont envie d’être sur la photo. Mais quels gens ? Ceux justement qui n’y sont pas souvent, qui n’ont peut-être pas d’appareil … hier c’est le photographe d’ici qui est venu m’a-t-on dit. Je passerais à sa boutique.
Photo aussi, d’animaux sauvages, pour le guide de la ballade au-dessus d’Allevard. Il raconte les loups, les marmottes, les chevreuils, les chamois. Il n’a pas eu de chance avec le loup. Invisible. Il a déjà trouvé une brebis arrachée au troupeau, elle avait deux agneaux dans le ventre. Il est allé le dire au berger qui justement la cherchait mais le prédateur avait disparu. Il peut courir 120 km en un jour. J’ai peine à croire que ma mémoire est exacte.
Pour les fleurs aussi, les arbres, le guide peut être intarissable. Et même pour le cimetière avec son mausolée d’une pseudo-descendante de roi de Hongrie. Il connaît tout de l’histoire, des légendes, des versions successives d’une même histoire. On sent ses pieds attachés à ce pays rude, son esprit aux vieux grimoires, son amitié à ceux qui vivent de leur travail. Il donne à l’occasion un coup de main aux éleveurs comme quand il a fallu aller chercher les moutons sur les hauteurs, la neige ayant fortement tombé pendant la nuit. Les génisses avaient eu l’instinct de descendre mais les moutons de Panurge avaient suivi le premier, affolé, et grimpé, grimpé …
On apercevait le glacier du Gleyzin. Envie de le prendre en aquarelle. Je retournerai dans le coin de l’envie. Mais est-ce que j’aurais le temps pour tout ? Le dehors me tire dehors de toutes ses forces. Il ne manque pas de dépliants touristiques pour m’inciter à quitter le périmètre de la cure. Le dedans aussi se renforce. Début de conversations avec telle ou tel, Nicole surtout, la Normande. On se raconte, sans trop ni peu. Calmes, sereines. Greffé sur les peines le bonheur d’être là, capable de vivre sur soi-même et d’écouter l’autre.
J’ai terminé « Une saison blanche et sèche ». Bien que la mort de Ben ait été annoncée dès le début, j’avais peine à le quitter. Il me semblait qu’il méritait d’échapper au prévisible. L’alternance des deux voix, Ben à la première personne, le narrateur ex-copain d’école à la deuxième, rendait l’histoire convaincante.
J’enverrai la lettre d’ Amnisty à Monsieur le Président de la République. Sans beaucoup d’illusions mais Sarko hier soir à la télé m’a donné des boutons.
« Tout recommence-t-il avec moi ? Si oui, pour combien de temps ? Réussira-t-on jamais à briser le cercle vicieux ? N’est-ce pas si important ? Faut-il seulement poursuivre ? Purement et simplement ? Poussé par quel sentiment de responsabilité envers un idéal auquel Ben aurait pu croire : quelque chose que l’homme peut être, mais qu’il n’a pas souvent la possibilité d’être.
Je ne sais pas.
Tout ce qu’on peut espérer, tout ce que je puis espérer, n’équivaut peut-être à rien d’autre qu’à ça : écrire, raconter ce que je sais. »

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