Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

19 novembre 2005

TANT D'ESPOIR


Au passé, (1983), une page de journal où je m’irrite fort contre le bombardement de Baalbek ordonné par Mitterrand. Pêle-mêle j’incrimine dans mon humeur noire l’inconséquence des socialistes qui sont « bien comme les autres », mon inaptitude à surveiller mon porte-monnaie qu’on m’a chouravé dans un bus lyonnais, ma tendance à mêler les grands problèmes avec mes petits soucis, le socialiste de base (comme qui fut mon mari défendant bec et ongles ses petits intérêts privés, ses meubles de famille et argumentant sur les grands principes) avec Le Président de la République … un drôle de méli-mélo pour me redonner de l’assurance et du pouvoir d’achat.

Au présent, à Sète-ville, l’ami Pascal qui comme chaque vendredi a installé sur la place son bateau-livre. Nous évoquons l’amie disparue qui continue dans nos mémoires à interroger. Pourquoi n’étiez-vous pas là quand … ? Pourquoi tant d’espoir en la poésie, tant de pratique, tant de prosélytisme, pour finir, sans mots, sans la moindre douceur des phrases enrubannées ?
D’un poète et amateur de poésie Pascal a racheté un gros stock de diverses publications éphémères. Je feuillette, j’accroche quelques termes, note les contorsions typographiques et les abus de langage pour sortir des sentiers battus, me souviens de mes attirances de ces années-là pour prendre place sur la scène par de tels procédés. J’abandonne finalement la caisse de dépôts soixante-huitards pour revenir aux valeurs sûres, aux noms connus dont j’ai déjà éprouvé la justesse. J’achète d’Edmond Jabès « Elya », l’inusable Gaspard des MONTAGNES de Pourrat et de Marie Rouanet « Quatre temps du silence » sorte de journal intime qui commence par un 17 septembre, « mon » 17 septembre anniversaire. Un signe !

Trois phrases de ces trois sources pour les déposer sur la tombe muette mais peut-être pas sourde.
- « Notre arbre est plante nocturne qui ne produira jamais de fruits ; mais sur ses branches nocturnes s’endorment quelquefois des étoiles»
Jabès
- « J’aime tant le pays que quand je reviendrai, j’irai embrasser tout le monde dans toutes les maisons »
le personnage de Pourrat curieusement porte le même nom et la moitié du prénom (Marie) que notre amie portait.
- « 19 Novembre - Le ciel de plomb du jour s’orne de bleu au moment du dernier, du tout dernier soleil qui passe à l’horizon dans une fente entre les nuages. » - M. Rouanet

1 commentaires:

Anonymous Anonyme a dit...

Je vois que vous semblez apprécier Gaspard des Montagnes d'Henri Pourrat. Depuis quelques jours, je mets sur mon blog mes impressions de re-lecture à presque cinquante ans. Si ça vous dit...

jeudi, 23 mars, 2006  

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