Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

03 décembre 2005

MOT-COURGE



Depuis l’importation d’Haloween en France les courges se vendent bien. Il est vrai que les variétés ont été améliorées. Au village elles ont rejoint les étals de pommes et la moindre terre à ensemencer est récupérée pour cette nouvelle manne. On porte le prix directement sur l’écorce avec un feutre. Si le spécimen est vraiment très gros on accepte d’en tailler une tranche. Mais l’amélioration de l’espèce a aussi limité la taille des cucurbitacées et le plus souvent le client repart avec sa courge sous le bras. De nouvelles recettes ont fait leur apparition, propagées par les foires à la courge, fêtes de la courge, qui ont fleuri autant que les fêtes de la pomme.
J’ai acheté du pain de courge qui est en fait une brioche. Je suis allée le partager avec Ernest, aussitôt branché sur les souvenirs de pain de courge de sa mère et de sa grand-mère. Comme je lui rappelle le mépris dans lequel était tenu ce fruit-légume dans notre enfance il me cite son père
« Quand tu vois une courge dans un champ, tu la voles, tu pisses à la place : tu n’as rien volé ! »
Je cite ma mère « Le gratin de courge il n’y a que ce que tu y mets dedans qui est bon « ( les œufs, la crème, le gruyère)
d’où l’expression de « courge » pour nous qualifier, nous les filles, quand nous n’avions guère fait preuve d’intelligence « Espèce de courge, courge que tu es … » = grande bugnasse ! benette ! Peu dégourdie !
Pimenté du Clinton d’Ernest au goût inimitable et de notre conversation, le pain de courge de la boulangerie était délicieux. Et la lecture des sonnets d’Ernest prenait la couleur mordorée d’un somptueux couchant.
Il a accepté que je propage cette allusion à Virgile dans ce sonnet à son ami Georges qui rejoignait par un heureux hasard la lecture du blog de David la veille. Cependant que la photo de la courge décorée d’Ercole exposée sur le chemin n’a pas besoin d’autorisation de parution puisque qu’il l’offre à tous les regards des passants.

G
Géorgiques
Ton prénom, vert clin d’œil aux mânes de Virgile
Trouva terre à son gré en la Savoie voisine
Où, d’alpe en alpe, vont des troupeaux de tarines
A la campane claire, à la démarche agile.

De Virgile à Vulcain, de l’araire à la forge,
La glèbe tu domptas par le feu et le fer

« De cueurde » en patois qualifie (en mal) un mauvais melon par exemple. Pour moi les mots d’Ernest qui allient l’accent de notre langue de terroir à la délicatesse du beau et bon français, ce n’est pas « de cueurde » mais du nan-nan !

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire

Abonnement Publier les commentaires [Atom]

<< Accueil