Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

05 février 2006

Hémiole


Diaporama ST NIZIER DU MOUCHEROTTE
Vidéo envoyée par gelzy

Comme M.Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir et s’en émerveillait, je fais de l’hémiole ainsi que vient de me l’apprendre mon maître d’harmonie. Il s’agissait sur le petit air en 6/8 qu’il m’avait demandé d’un glissement au 3/4. Vous voyez ce que je veux dire ? Bref, un changement de rythme tout en conservant l’allure générale. Une greffe réussie d’un corps unique mais aux pièces interchangeables. Une nouveauté qui m’a remplie d’aise ! C’est fou ce que j’ai encore de choses à apprendre en harmonie comme ailleurs !
Alain Rey ne semble pas connaître l’hémiole ou alors il s’en désintéresse ! Cependant, dans son dictionnaire, j’ai rencontré l’hémione, mammifère qui tient de l’âne et du cheval, propre à l’Asie occidentale, un demi-âne (de hémi et onos). Pierre, du haut de son érudition bien que tout occupé en bas au ramassage des balayures, me cite Francis Blanche commentant le carnaval des animaux de Camille St Saens. « L’hémione est un cheval … »
Qu’un âne puisse passer pour un cheval, une apprentie en composition pour un compositeur (ainsi que j’ai été nommée cette semaine par une accompagnatrice en piano) est une chose merveilleuse, non ? et en plus venir du grec !
Comme le cheveu sur la soupe l’hémiole du jour sera cet article à mi-chemin de la sottise et de l’érudition !
Pour me faire pardonner : veuillez consulter ce diaporama réalisé par Maître Pierre, mon hémiole adorée ! ( variété entre hémione et onagre, entre persan et percheron)

2 commentaires:

Blogger Julie Kertesz - me - moi - jk a dit...

Même si je ne comprends et probablement je ne l'apprendra jamais, ces trucs sophistiqués dont tu nous parle, bienvenu dans le cercle des "vblogeurs", et je comprends aussi combien a fallu pour s'y décider!

Mais je crois que c'exprimer en utilisant tout que nous pouvons à notre disposition, c'est super!

Et tu as raison, maintenant je fais des plus courtes (voir mon vidéo de cet après-midi, et ceux qui suivront)

dimanche, 05 février, 2006  
Blogger Raphaël Zacharie de Izarra a dit...

L'OMBRE DES CHOSES

J'errais au bord de l'étang, mélancolique. L'automne était morne, la lune pleurait, le vent chantait dans le soir, monotone à mourir. Au loin s'élevaient les plaintes d'un âne, poignantes. Ainsi là-bas un être affligé semblait partager ma peine... Je marchais, résigné, au bord de l'onde. Solitude, accablement, ennui, dégoût : quatre murs oppressants, quatre raisons pour ne plus songer à rien d'autre qu'aux barreaux de mon âme en deuil.

L'âne dans le lointain se lamentait toujours. Etais-je-je seul à entendre sa détresse ? En moi, une nuit sans fin, un vide sombre, une vallée désolée. Les braiments de l'animal résonnaient comme un glas grotesque dans la campagne. L'écho pitoyable sous les étoiles de la créature déshéritée accentuait ma douleur. Le quadrupède adressait à qui voulait l'entendre son désespoir.

L'âne au-delà l'étang, hors de vue, oublié de tous, ne racontait-il pas à l'Univers entier son humble chagrin ? J'avais l'impression de récolter ce soir-là la plus secrète misère du monde, venue de l'horizon, tentant de monter jusqu'aux étoiles, pour finalement retomber sur mes épaules...

Les appels de la pauvre bête ressemblaient à une prière dans la nuit, j'en fus touché. Des cordes insoupçonnées vibrèrent chez moi. Je sentis mon humanité s'étendre jusqu'aux figures les plus modestes de la nature. En pensée je rejoignis l'équidé. Les yeux fermés je le caressai au cou. Puis je le chevauchai. Alors tout s'illumina. Des espaces radieux s'ouvrirent devant moi. Je me retrouvai au milieu d'une prairie éclatante de lumière, sur le dos de l'âne. Ses braiments sinistres s'étaient transformés en autant de rires. Des gens m'aimaient, qui m'appelaient tout autour de moi. Partout, des fleurs vives, de l'eau claire, une joie irréelle.

Je rouvris les yeux dans l'obscurité. La lune pleurait toujours au-dessus de ma tête. Le vent gémissait dans la plaine. L'étang me parut plus noir que jamais. L'automne était un véritable tombeau. Et ma solitude, une pierre dans la fosse.

Longtemps, l'âne manifesta son infinie détresse dans le lointain.

Raphaël Zacharie de Izarra
raphael.de-izarra@wanadoo.fr

mercredi, 08 février, 2006  

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