Mots et couleurs

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18 mai 2006

EN CURE UNE CARTE POSTALE

Préambule !
En cure on peut avoir ou Gargarisme ET pipette, ou gargarisme seul ou pipette seule. Ici aussi.
Seul : le carnet d'image et texte court sous la rubrique CARNET.
Amplement les douches racontées d'après le scénario élaboré l'an dernier à la même époque à partir d'un fait divers authentique. Sans aucune retenue d'eau !
Le long et le court et le long cours (hum !)
On peut toujours décider de ne pas obtempérer à l'ordonnance médicale bien sûr mais attention ! Ne sera pas remboursé par la Sécu


EN CURE. UNE CARTE POSTALE

I- CARTE PERDUE … CARTE TROUVEE

Il l’avait remarquée sur le sol, sec ce matin exceptionnellement.
Seul, ce matin, sur son banc comme d’habitude, à 7h -1/4, dans le parc des Thermes.
Il l’avait vue tout de suite en époussetant le banc pour s’asseoir. Il était allé la ramasser. Avait jeté un bref regard aux alentours. Vides comme d’habitude. Elle était tombée sur l’envers. Elle était affranchie d’un beau timbre à fleur : Orchidée, Mabel Sanders. Il connaît. Il collectionne les timbres.
Bigre ! s’était-il dit ( il aimait bien se dire Bigre quand il se passait quelque chose d’intéressant dans la journée). L’adresse était libellée, quelque part en France, 69 en y regardant de plus près, le département de destination était le 69, son département : le Rhône. C’est pour ça qu’il l’avait retournée. Il aurait pu l’écrire lui-même. Il n’écrivait jamais de cartes postales depuis que maman … mais, s’il avait voulu il aurait pu envoyer une carte postale à quelqu’un dans le Rhône, pourquoi pas ?
Oh quelle horreur ! Il douta un instant. Ses sens ne lui avaient-ils pas joué un tour ? Mais non ! Il regarda mieux. Aucun doute ! C’était une horreur ! adressée à … ? Un homme ! Un homme de peu, un certain Jean quelque chose … quelque part dans le département du Rhône, qui aurait pu être lui mais heureusement qui ne l’était pas. Vraiment il n’aurait pas aimé recevoir une carte de ce … genre. Tant pis ! Il l’avait retournée, c’était fait. Il n’avait pas eu de chance de tomber sur pareille … cochonnerie ! Pour une fois qu’il trouvait quelque chose avant tout le monde ! Encore un coup du diable. Il regarda à nouveau furtivement tout autour, remit la carte dans la même position et retourna s’asseoir. Les premiers curistes commençaient juste par arriver.

Il se plongea dans la reconnaissance des couples et des personnes seules, confrontant leur ordre d’arrivée d’aujourd’hui avec celui d’hier.
Tiens le boiteux va être en retard ! il aura le numéro 8 aux douches pharyngées. Bien fait pour lui ! Il n’avait qu’à ne pas traîner ce matin.
La Grande Dépendue est bien pressée. C’est le jour du marché, bien sûr elle va encore s’acheter un tas de robes rouges qui lui vont comme un tablier à une vache. (il continuait intérieurement à parler comme maman)
Les yeux fixés sur la porte d’entrée ORL, il poursuivait son comptage. La carte sur le sol, dans son dos, à l’arrière du banc, était oubliée. Presque.

- C’est à vous Monsieur ? Vous avez fait tomber votre carte.
Saisi il se retourna d’un bloc, ne pût répondre, fit de la tête un signe vigoureux de dénégation.
La dame gentiment insistait.
- Heureusement que ça a séché cette nuit ! Nous aurons une belle journée. Vous avez perdu une carte postale.
Il avala sa salive, déglutit plusieurs fois avant de pouvoir articuler
- NOOON !
- Ah bon ! Elle est toute timbrée. Je vais la mettre à la poste.
Il se retourna vers les Thermes pour trouver une solution satisfaisante, se leva du banc, se rassit, heu ! soupira et revint tout de même à cette interlocutrice inopinée.

Elle était bien, très bien. Elle était aussi élégante que Maman au début des cures en 1974, un peu plus élégante, un « je ne sais quoi », maman aurait dit. Elle avait une jupe assez courte, au-dessus du genou mais très correcte quand même avec des fils brillants dans les tons de bleu roi. Une veste aussi brillante que la jupe. Plus jaune que bleue. L’ensemble était très fin, très convenable. Très pimpant, tout lui allait bien, la veste, la jupe.
Malheureusement la dame venait de retourner la carte, elle eut un oh ! réprobateur
- Ce n’est pas à moi, pas à moi ! réussit-t-il à articuler, mais il s’arrêta. Elle allait croire qu’il avait déjà vue, retournée et touchée la carte ? Remise en place au lieu de la jeter.
- Bien sûr ! Excusez-moi !
Puis, d’un petit air volontaire, elle dit en souriant :
- Ça ne fait rien ! Je vais tout de même la mettre à la poste ! Puisqu’elle est toute prête !
Elle s’éloigna. Il la regarda s’éloigner vers la sortie du parc côté Rue. Quelle idée ! La poste ! Et puis quoi encore ! Ça ne la regardait pas, une carte perdue. Surtout une carte heu une carte … Elle allait rater l’heure des soins.
Mon Dieu ! Qu’est-ce qu’elle avait bien pu penser de lui ?

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