Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

23 juillet 2006

OBJETS ANCIENS

Objets anciens, vieilles choses

Ça valait pas un clou, ça valait pas tripette
Mais c’qu’on faisait d’ses mains on aimait bien l’montrer
Ça rapportait pas gros mais quitte à pas l’acheter
On aimait qu’ce soit beau, et puis qu’ce soit honnête

Que ça serve aujourd’hui ! Qu’ça puisse servir demain

Demain, on savait pas si on aurait la chance
De ramasser les miettes, de tresser les paniers
D’accorder les violons pour faire tourner la danse
Et de trouver quatre sous sur les marches du palais

Des palais, on n’avait que ceux pour qui tout s’mange
On ramassait les mûres, on ramassait l’crottin
On poserait des pièges, on se lèverait matin
On méritait la grève pour la plage du dimanche

Quand on posait son cul, c’était dessus sa chaise
Quand on la rempaillait c’était pour la mémé
Qui avait si mal au dos qu’elle pouvait plus s’lever
Mais qui chantait encore et sucrait pas les fraises

J’dis pas que c’était mieux mais sûr ! c’était moins pire
De lire son avenir dans le marc de café
Avec un p’tit coup d’gnole pour le désinfecter
Plutôt que sur la Une d’une télé à vampires

Paraît qu’la roue qui tourne va jamais en arrière
Paraît qu’on r’verra pas la guerre de quarante
Moi j’veux bien mais je crois qu’une vieille rengaine
Quand on la fait soi-même vaut plus de deux francs cinquante

Oui ! D’accord ! c’est Euros aujourd’hui que l’on cause
Qu’importe le vocable si je sais ce que j’dis
J’l’ai pris sous mon bonnet ; j’l’avais gardé sous l’coude
Pour trouver des oreilles qui m’auraient bien compris

Au revoir vieux objets devenus inutiles
Bye bye les benons, les paniers à canards
Les fers pour les ânes, les chevaux, les berlines
Qui s’appellent chars à bancs entre Chon et Chonvard *

Je voudrais vous jeter pour faire de la place
A ces ordinateurs, écouteurs et écrans
Pourquoi donc je ne puis sur vous briser la glace
Où vous me renvoyez un reflet du vieux temps ?

Ce temps de mes ancêtres, ce temps de ma famille
Je ne peux le jeter tant il court dans mes os
Ce vieux temps qui fit l’homme et qui m’a faite fille
Je ne peux le jeter que derrière les fagots

Où mûrit la bouteille qui fait pleurer Margot.

PS J’ai entrepris de photographier tous ces objets anciens et vieilles choses avant d’en vider les placards. Pour chacun, d’écrire son histoire et le laisser nous raconter ce qu’il en garde. La préface est donc posée devant vous pour une brocante future.
C’est dimanche. Bonjour à qui m’en a fait beau dimanche, et à qui je dois ce projet en partie.

* noms de hameaux

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