Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

24 septembre 2006

PAIX LES CHIENS

Ce matin, tout autour de la maison, les chiens des chasseurs aboyaient, s’énervaient, hurlaient, comme si la fin du monde arrivait. Aucun coup de fusil après les deux marquant le début de la chasse. Qu’avaient-ils donc à tant crier dans les maïs ces chiens ? S’étaient-ils perdus ?

J’ai retrouvé cette page nocturne dédiée aux chiens qui jappent trop la nuit et m’empêchent de dormir ….

« Paix les chiens !
Nous ne venons pas voler les œufs, tuer les poules …
Paix Mon Rip !
Paix la mémoire !
Paix l’inquiétude présente !
Nous ne venons qu’entrer et refermer la porte. Nous asseoir un moment.
Les jours d’autrefois étaient calmes et lents. L’étaient-ils tant ?
Nous n’avions pas d’histoire.
On s’en allait par les chemins qui retardent le temps. On n’était pas pressés et on ne savait pas que l’heure se mesure au sablier des autres.
On s’accordait son pas.

Paix mon beau chien noir et frisé !
Mon molosse qui jappe si fort que personne, jamais, n’attaquera la petite fille craintive, haute comme trois pommes, logée entre tes pattes.
Mon compagnon de retour de l’école
Mon Rip à moi, du même âge que moi, amené en cadeau alors que je me traînais encore à quatre pattes sous la table …
Mais qui vieillira plus vite que moi puisqu’à 11 ans un chien est déjà vieux et il est mort et je dois l’accepter …
Nous l’avons enterré derrière la maison, je ne savais pas jusqu’à ce jour ce qu’était que mourir et être mis en terre comme les pommes du même nom … mais on ne germe pas.
Où est-il ? Que je ne l’entends plus ?
Tous les autres chiens me font peur. Que deviendrai-je si les barrières, les chaînes qui les retiennent craquaient ?
Paix !
Les fleurs se sont fanées sur la première tombe que j’ai fleurie. Qu’est-ce qu’une fleur pour un corps enterré ?
Paix ! La ! La ! la bonne grosse voix tu ne l’entendras plus mais elle t’a laissé une poignée de poils noirs dans ta paume. Caresse-les. Ainsi les yeux fermés, à pas retenus immobiles, tu approches doucement de la maison. Tu entends la maison qui voyage. Elle t’attend.
Le sureau revenu abaisse encore ses branches. Un moineau vient de s’y loger. Et Rip jappe après le moineau pour s’amuser et me distraire…

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire

Abonnement Publier les commentaires [Atom]

<< Accueil