Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

20 janvier 2007

LES CHANSONS QUE JE FAIS 1


« Les chansons que je fais , qu’est-ce qui les a faites ? …

Souvent il m’en arrive une au plus noir de moi …
Je ne sais pas comment, je ne sais pas pourquoi
C’est cette folle au lieu de cent que je souhaite. »

Ce poème ouvre le recueil « Les chansons et les Heures » de Marie Noël. Quand je suis allée le chercher, pensant à Mariel pour lui faire connaître la poétesse (1883-1967) je l’ai relu jusqu’aux larmes et au rire, tant il paraissait coller à ma peau. J’ai l’intention de vous le distiller peu à peu en vous parlant de mes chansons.
La dernière arrivée, « comme ça !», même pas sur la pointe des pieds mais en fanfare, juste entre le petit déjeuner et la salle de bains, est cette LULLABY que me réclamait David dans ses vœux de Noël. Quel bonheur pareille demande ! Je suis allé consulter l’Harrap’s : Lullaby = Berceuse. A proprement parler ma chanson, étant du matin ensoleillé et d’un rythme guilleret, n’est pas une berceuse, plutôt une réveilleuse. Mais j’ai trop de plaisir à m’emparer d’un mot qui chante déjà si bien.

Hier au soir je l’avais glissée, la chanson lullaby or not-lullaby dans mon sac et je l’ai servie à l’apéritif de notre assemblée générale d’Alentour, confrérie de chanteurs musiciens. Jean-Claude, sur le dernier couplet a rajouté un refrain « Merci Madame ! » C’est la Madame, Jean-Claude qui doit remercier quand on l’écoute. Un poème peut se satisfaire de la voix murmurante, de l’intimité avec soi qu’il a créée. Mais une chanson a besoin d’être entendue ! Et quand on la voit ouvrir aussi bien les yeux que les oreilles, le sourire que la tristesse, comme on est heureux de cette arrivée impromptue acceptée ! Car pour qu’une chanson éclose j’ai souvent remarqué trois conditions :
- Je suis seule.
- Il fait bon chez moi. Chez moi est vraiment chez moi. Tout attend dans la quiétude ( pour les chansons gaies) Pour les tristes il y aura aussi cette connivence du dehors avec le dedans. Il y a dans l’air cette attente de la vérité du moment, encore inconnue mais qui s’annonce par des signes ténus en soi et autour de soi.
- J’ai du temps devant moi. Même si j’ai des projets, je les ferai passer après. Quand la chanson vient, il faut se donner toute à elle et elle vous le rend bien. Arrivée sur un petit air, une phrase, un mot, elle attrape un papier dès le deuxième couplet, elle se répète l’air et tout s’enchaîne à merveille. Oh je sais ! D’autres considèrent qu’une chanson se travaille, se reprend sur le métier, se peaufine, se juge avant de s’en aller chercher reconnaissance. Moi, c’est rare que ça se passe comme ça. Elle se dévide, se déride, se glougloute d’un seul coup. Jusqu’à la fin. Ne me demandez pas pourquoi elle est finie. Non ! Elle est finie c’est tout ! Je peux aller faire ma toilette. Et si Pierre téléphone je peux lui annoncer
- Ah tiens ! J’ai une nouvelle chanson Ecoute le refrain ! Il est très compliqué ! « Merci m’sieurs dames ! »
- C’est tout !
- Ben oui !
Si le soir, quand il rentre, il oublie de me demander « Et alors cette chanson ?», je suis très vexée et je lui en veux beaucoup.

« Dites-moi … Mes chansons de toutes les couleurs,
Où mon esprit qui muse au vent les a-t-il prises ?
Le chant leur vient – d’où donc ? – comme le rose aux fleurs,
Comme le vert à l’herbe et le rouge aux cerises. »

2 commentaires:

Blogger Julie Kertesz - me - moi - jk a dit...

Merci pour la description, ce n'est pas souvent qu'on penêtre dans l'intimité de la création!

Je t'ai vu d'ailleurs écrire ou répéter une de tes chasons il y a une année, tout dedans, ou alors c'était seulement alors pour mettre une musique sur les mots?

"je nage comme"...

samedi, 20 janvier, 2007  
Blogger David a dit...

quelle naissance d'une "réveilleuse," madame!

oui, oui, maintenant je suis aux aguets...

dimanche, 21 janvier, 2007  

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