Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

23 janvier 2007

LES CHANSONS QUE JE FAIS 4


« Et toutes je les veux, et toutes à la fois
- la dernière surtout dont j’ai le plus envie -
Je vais les mettre en cage et leur lier la voix
Ou je ne dormirai plus jamais de ma vie. »

C’est pour les serrer toutes dans mon espace vital, mon tabernacle d’écriture, ma cage volontaire de repli et d’extension, que j’ai entrepris d’organiser des classements, de remplir des classeurs, des dossiers d’ordinateurs, des cassettes audio, des CD. Le premier cahier collecteur des premières chansons avec sa couverture fatiguée en carton noir, de tous m’est le plus cher ! Je n’ai eu qu’un petit bond de côté à faire pour le tenir.
La première inscrite, si ce n’est gravée dans la pierre au moins dans ma voix, a un embryon de partition. Notation de croches et de noires, numérotées selon les lames d’un xylophone
1-3-3-2-1 …
C’était bien ce que je pensais hier en la trouvant dans un dossier d’ordinateur. C’est bien la toute première. Le cahier qui m’a suivi pendant 45 ans l’atteste. J’ai perdu des meubles, des bijoux, des papiers administratifs importants, des porte-monnaie et des valises, des chapeaux et des chaussures, des maris … pendant ces années de chambardement, de déménagement, d’exode mais pas de chansons ou très peu.

LE VENT DE L’HIVER

Le vent de l’hiver
souffle sur tes doigts
Prends garde à toi !

Le vent de l’hiver
écaille les bouleaux
As-tu pris ton manteau ?

Le vent de l’hiver
chasse les moutons blancs
Demain peut-être

Le vent de l’hiver
aiguisera ses dents
sur les tuiles de ton auvent

C’est vraiment une toute petite chanson. C’était l’époque de mon premier poste rural. J’avais une toute petite fille dans un berceau, des élèves de plusieurs sections dans une même classe. Je commençais tout à la fois, persuadée de mon bon droit à l’invention et de la valeur de mes diplômes. J’ai pris le temps tout de même pour une chanson. Je remercie celle que j’étais alors d’avoir eu ce réflexe conservateur. Il faut remarquer que cette première envolée était prémonitoire. Toute courte et de petite mine qu’elle soit elle insiste : Il faut se prémunir du vent qui envole les amours, les bonnes intentions, les meilleurs dons. Il faut garder ses doigts au chaud.
Ma manière de tenir compte de l’avertissement a donc été de faire-chanson avec les coups de froid comme avec les coups de chaud.

Voici pour l’une : la première. Pour l’autre : la dernière, vous savez tout.
Merci M’sieurs dames !

4 commentaires:

Blogger marie.l a dit...

et un plaisir de plus ! un !
oh que non, que nenni,que non !
tant de bonheurs, hier, aujourd'hui, demain,
que de les compter serait fanfaron.

Merci Gelzy, c'est tout ce qui me reste comme mot !

mardi, 23 janvier, 2007  
Blogger David a dit...

You are right (as usual) -- what a beautiful comfort awaits us in our collections, those writings that have survived the moves and the occasional purges!

mardi, 23 janvier, 2007  
Anonymous Anonyme a dit...

J'ai chanté, un peu, autrefois, il y a très longtemps, dans un autre temps, quand j'étais tout minot, aux fins de repas de noces et de fête, des chansons des autres, Brel, Mouloudji... jamais je n'ai pensé à essayer d'en écrire ni d'en composer.

mardi, 23 janvier, 2007  
Blogger julie70 a dit...

heureusement, que tes créations ont survécu et ne se sont pas perdus, on peut remplacer un moeuble, un vêtement peut changer, personne ne nous renderait pas ce que nous avons créés,

pour moi, c'est les cahier avec mes journaux intimes...

peut-être, tu sentais déjà dedans quelque chose qui est ressortie dans la chanson, même si tu n'étais pas encore consciente du probléme à venir, il a du exister déjà quelque part

mercredi, 24 janvier, 2007  

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