Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

22 février 2007

LUI,LE SETOIS


Quand, après le Gabian et l’Hirondelle, nous proposons de chanter ensemble sur quelques cartons d’orgue, les spectateurs choisissent immanquablement L’Auvergnat de Brassens. Certains n’ont même pas besoin de polycopiés pour les paroles. L’autre soir à Vaunaveys ce fut une Françoise à la belle voix qui prit le micro. Je l’entends encore.
Ce soir ce sera à Sète que « Toi, L’auvergnat » … sera repris « sans façons ». Dans sa ville.
Qu’une chanson soit une couronne mortuaire imputrescible me réjouit. D’abord parce qu’elle est pour moi une bien douce prière. Ce grand mécréant de Georges a su lancer au Père Eternel une invitation magnifique à descendre un peu plus souvent sur terre.
Pourquoi un Auvergnat dans la chanson, à côté de l’hôtesse, de l’étranger ? Peut-être parce que le bougnat tenait souvent un débit de boissons où l’on ne jetait pas dehors les pauvres diables qui en franchissaient le seuil. J’ai un grand-père que je n’ai pas connu qui tint « Aux Enfants de L’Ardèche » un « Porte-Pot » Bois et Charbons, à Lyon. J’imagine que c’était ainsi, comme chez tous les immigrés d’Ardèche ou d’Auvergne qui ouvrirent un troquet en ville : le pain, le feu, le rouge gratis en cas de besoin …

Alain Rémond raconte dans « Chaque jour est un adieu » : « Un soir je me souviens, un type est entré, sans frapper à la porte, il a dit bonjour, il s’est assis à la table, il a demandé un verre de vin. Ma mère l’a servi, le type a bu un coup, s’est essuyé la moustache, a sorti son porte-monnaie et a demandé « Combien je vous dois ? » Il croyait que la maison était toujours un café, comme elle l’avait été jadis, avant notre arrivée à Trans. Il n’était pas passé par là depuis des années, mais il n’avait rien remarqué d’anormal. Il était entré, il avait vu du monde, il avait demandé son coup de rouge. Et ma mère, qui ne l’avait jamais vu, l’a servi, sans se poser de questions ; La maison à Trans, c’était ça : on pousse la porte, on est chez soi. »

Cette chanson de Brassens, c’est ça : on pousse la porte, on est chez soi.

4 commentaires:

Anonymous Anonyme a dit...

Une chanson...couronne mortuaire imputrescible...l'image me plaît et que tu rappelles ce passage de Alain Rémond dans "chaque jour est un adieu" me plaît aussi, j'ai beaucoup aimé ce livre.

jeudi, 22 février, 2007  
Blogger Julie Kertesz - me - moi - jk a dit...

comme te faire écho, j'ai écrit aujourd'hui sur les liaisons...

oui, on nous a bien acceuilli en France il y a 43 ans et si on avait courage de travailler à très bas prix, on le pouvait, peut-être, dans les même conditions, on peut toujours? j'adore aussi l'Auvergnat! et que vous chantez bien vous deux! et que vous êtes acceuillants!

vendredi, 23 février, 2007  
Blogger marie.l a dit...

quelle belle histoire Gelzy, telles que je les aime, telles qu'elles devraient encore exister ! peut-être oui, quelque part !

vendredi, 23 février, 2007  
Blogger Fred a dit...

Dans votre article, vous parlez d'une Françoise à la belle voix... Était-elle accompagnée d'un orgue de barbarie sur lequel est marqué "coquelicot" ?
Merci.
http://fred2o2.hautetfort.com/

vendredi, 21 mars, 2008  

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