Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

29 mars 2007

LES YEUX BLEUS


Montée de l’observance, 9H30

Primevères, soleil, oiseaux cui-cui, pigeons rou-rou : le printemps quoi ! Comme à st Niz, naturellement chaste et extraverti.
La ville, la grand ville, roule, roucoule, pétouille, gronde, fronde, inonde de bruits le printemps. Tronçonneuse à silence.
Je viens voir ma marraine, comme je suis venue si souvent. J’ai le temps ; le temps m’a à la bonne. Un temps printemps, un temps content.
Ma marraine pour son anniversaire de printemps : 102 ème. J’ai apporté un beau bouquet, des calissons d’Aix : un bouquet pour sa bouche, une friandise pour ses yeux.
A l’arrière de l’immeuble nous attendons l’heure prévue de la visite, mes bouquets, mon cahier et sa page blanche que le soleil gagne gentiment, les pies qui cacardent, piaillent, commentent …
« Aujourd’hui, disent les pies, la Gigi est venue voir sa marraine, sa Ninou aux yeux bleus ? Va-t-elle lui raconter une fois de plus l’histoire de la braguette de l’évêque ?
Comme elle était jolie Madame C. Petite, boulotte, vive, enjouée… Assistante principale de Maître P. notaire, bâtonnier. Elle savait depuis l’âge de 16 ans taper à la machine, avait une orthographe infaillible, classait les dossiers, répondait au téléphone. Indispensable. Elle le fut bien au-delà de l’âge de la retraite, tapant encore certains courriers importants. Elle accueillait les clients. L’un d’eux, subjugué par les yeux bleus impérieux, lumineux, joyeux, audacieux, glissa à son collègue « Elle a des yeux à faire sauter la braguette d’un évêque » Madame LE clerc entendit, ne sourit pas, impassible en apparence, ravie, engrangea le compliment au plus profond de ses yeux amoureux. A 101 ans s’en souvient encore, 102 sûrement, il faudra vérifier … Comme elle se souvient des tourbillons d’après-guerre dans les guinguettes sur la Saône où la valse emportait les désillusions, les restrictions, la valse et les préférences marquées de ces messieurs pour la faire danser, elle, la boulotte aux yeux bleus.

1 commentaires:

Anonymous Anonyme a dit...

ah la marraine ! ah le texte charmant ! ah que j'aime venir te lire !

jeudi, 29 mars, 2007  

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