Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

12 mai 2007

LE DIABLE

Rencontré le diable dans « Le voyage d’Anna » d’Henri Gougaud, en plus de 1500 caractères. De quoi le défier.

« Un jour ce que je sais tu le sauras aussi. Puis j’appellerai à notre aide les plus vieux cousins du pays. Ils te mèneront où il faut pour que tu rencontres le diable. Tu devras le combattre seul.
Elle sursauta, elle s’effraya et se signa en grande hâte :
-le diable ? tais-toi donc ! Carlotti, tu es fou ! je ne permettrai pas cela.
-le nôtre n’a ni queue, ni corne, ni mufle qui crache le feu. Il ne pèse pas lourd, pourtant il nous écrase si on ne sait pas l’affronter. Alors, tu le connais, Anna ; il n’a qu’une arme, c’est sa voix ; Elle ne te vend aucun plaisir, au contraire elle te serre, elle te glace, elle t’étouffe, elle te prêche que tu n’es rien mais que tu es coupable d’être simplement qui tu es. Elle ne sait dire que la peur, la peur d’être puni par Dieu, la peur de souffrir, de mourir, la peur qui empêche de vivre, la peur, voilà tout, voilà rien. /…/
Alors le plus ancien des maîtres le ramènera, ce dernier matin, sur le chemin de sa maison. Du bout de son bâton il tracera un trait en travers du sentier. Il lui dira : « Garçon, franchis cette frontière, et que le Dieu des charbonniers te vienne en aide, s’Il le peut. »
Simon soupira amplement.
- j’ai connu cet instant, Anna et je ne l’oublierai jamais. Les vieux ne m’avaient pas menti. C’était en vérité l’épreuve la plus dure.
- Et dis-moi qu’as-tu fait ?
- J’ai avancé d’un pas. J’ai enjambé la ligne, sûr que j’allais mourir. Je n’ai pas prié, j’ai haï, je en sais qui, je ne sais quoi. J’étais d’un orgueil intarissable.
- Et que s’est-il passé ?
- Rien. Le brouillard de sang qui me cachait la vie s’est tout à coup défait. J’ai vu venir mon père. Il m’a ouvert les bras. Mes maîtres autour de moi souriaient plaisamment, tapotaient mes épaules,en disant « bienvenue cousin, bienvenue ». je venais de passer au travers de ma peur. J’avais vaincu le pire monstre que je puisse un jour rencontrer. »

3 commentaires:

Blogger Julie Kertesz - me - moi - jk a dit...

que c'est beau, extraordinaire,
merci de l'avoir partagé avec nous!

dimanche, 13 mai, 2007  
Anonymous Anonyme a dit...

...une bise d'un passant. Je ne te dérange pas plus longtemps

dimanche, 13 mai, 2007  
Anonymous Anonyme a dit...

Etrange tout de même;le jour même où tu nous fais partager ce texte de Gougaud sur le diable, j'expérimente dans une danse rituelle que le diable, c'est exactement celà:celui qui sème le doute,la peur,la haine de soi...et je l'exorcise...Merci

lundi, 14 mai, 2007  

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