Mots et couleurs

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13 novembre 2007

SALLE D'ATTENTE

SALLE D’ATTENTE
Il y a tout ce qu’il faut pour attendre confortablement, les sièges blancs, l’écran de télé branché sur le Ténéré, son en sourdine, de l’eau pour boire et des gobelets, les derniers numéros des gazettes, mazette ! tout sur Cécilia et son divorce, je vais enfin savoir …
Train train d’une salle d’attente en milieu hospitalier, allées et venues blanches ou vertes, discrètes …
J’attends comme conductrice, j’ai apporté papier pour écrire, et pour lire, François Bon « Tumulte »
Le tumulte vient d’arriver directement dans la salle d’attente. Rondouillard, disons bien enveloppé, élégant juste ce qu’il faut dans le monde des affaires …
Car il a des affaires à faire, il me glisse la confidence juste avant de rejoindre sa salle d’opération, avec des excuses et sans me regarder et sans perdre de temps. Il peut. La salle d’attente est devenue pendant une heure sa propriété privée, son bureau, son hall de gare, sa salle de conférence, son aérodrome
« Ouais Georges ! Ok Georges !
Ouf ! Georges vient d’appeler ! il n’arrivait pas à joindre Georges. Il a mis sur le pont les secrétaires, les amis, les collaborateurs primaires et secondaires. Il lui fallait le no perso de Georges au plus tôt. De lui dépendait la situation internationale, la parité du dollar avec l’euro, le marché à conclure avant Juin pour 1600 000 pièces à 18 euros la pièce, vous voyez l’urgence …
« c’est que mercredi, il y a une grosse merde, et comment vous allez à Paris ? après mercredi j’ai la générale … »
Un temps je m’imagine que c’est un acteur qui répète pour la générale. Banal son jeu : se lever, s’asseoir, marcher de long en large l’oreille collée au portable, tourner le dos pour plus d’intimité, revenir à l’assaut des ondes. Il baille. Un silence donne l’impression bizarre que la terre va s’arrêter de tourner. Mais une sonnerie, le voilà ressuscité …
Je sais tout de lui, sauf son prénom …
« ah merde ! c’est l’infirmière, t’inquiète pas, elle va rappeler »
l’infirmière n’a pas osé déranger.
La générale c’était la banque ! Pourvu que la Banque écoute sa prière !
« un vieux con de soixante-huit ans » je ne vous le fais pas dire ! Mon pauvre monsieur, j’accepte vos excuses bien que je n’ai pas eu le temps de vous le faire savoir … ah si nous avions échangé ne serait-ce qu’un regard je vous aurais parlé des fleurs bleues, des petits oiseaux … c’est ma spécialité à moi, c’est mon affaire. J’espère que pendant la durée de l’intervention l’anesthésiste a réussi à vous mettre en panne …

1 commentaires:

Blogger marie.l a dit...

hé hé !!! depuis une bonne dizaine d'années que je les fréquente (les salles d'attente) en bonne patiente que je suis, je n'en ai jamais rencontré un tel, les Alsaciens semblent plus disciplinés car je crois bien que tous éteignent leur portable en franchissant la porte car ils ont bien lu "merci de bien vouloir éteindre votre téléphone"
Bonne journée Gelzy et continuons donc à patienter tant qu'il le faudra !

mardi, 13 novembre, 2007  

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