Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

10 février 2009

L'HIPPOCAMPE ET ...


Pourquoi a-t-il fallu que je m'impatiente quand l'hippocampe perdit son extrémité fourchue dans les aléas d'une nuit à l'hôtel ou à l'hôpital passée en compagnie de la demoiselle de pierre blanche. Long est le chemin de la perfection des rencontres, surtout sous la table et les pieds. Avais-je la crainte que l'hippocampe mutilé ne réduise le bonheur qu'il m'octroie, en un, en deux, en trois...et que je me retrouve à Mardi-gras privée de crêpes, de doigts pour les manger et les écrire, et, dans la maison toute entière, jusqu'à la chaîne de Belledonne, par la fenêtre, privée de cette bonne odeur du temps qui a déposé chez moi ses bagages ? Pourquoi ces choses offertes, objets instantanés de sympathie, d'affection ou d'amour, me sont également si chères que je ne consens qu'au deuxième ou troisième abord, qu'elles aussi se flétrissent, se cassent, penchent vers la mort ? J'ai grondé Sarah. Elle a pleuré. Soudain et sans proportion me semblait-il avec l'importance de l'admonestation. Admonestation. Quel beau mot pour le mouvement d'impatience d'une propriétaire outrée qu'on touche à sa propriété! Qu'il est long à écrire ce long mot de raison éducatrice ! J'avais pris le droit d'intervenir dans la ronde amoureuse de Sarah, la ronde où tournent ensemble les mots, les lieux, les personnages, où poupées et hippocampes conversent et voyagent. Je récupérai donc un hippocampe amoindri de 9 millimètres à peine mais, en le réclamant, j'interrompis la belle aventure de l'enfant blanche et de l'enfant bronzée. Peut-être moins enfants après tout qu'elles le paraissent ! Que savons-nous de l'âge des statues ? Que sais-je de la priorité du rêve chez les petites filles en avance sur le temps ? J'ai l'impression que depuis cet incident, le silence est suspect dans mon bureau désert. Il fermente de reproches, fourmille de messes basses entre deux acolytes ligués pour m'interdire de toucher à ce qui ne me regarde pas. Mais l'espoir des choses et des êtres renaît toujours pour peu qu'on le veuille. J'ai reçu une lettre de Sarah qu'elle a dictée à sa mère. Sa dernière phrase : " Je voudrais retourner au chalet. " Je communique la nouvelle à la pièce entière.

Hé Hippocampe ! hé Enfant Blanche !
Sarah 4 ans 7 mois 6 jours avec quelques centimètres en plus, reviendra.
Vous vous retrouverez bientôt dans la corbeille à papier, dans le lit-clos des amours rondes à reprendre votre contemplation, vos conversations …
Mais maintenant Silence ! Laissez-moi travailler !

2 commentaires:

Blogger Solange a dit...

Les enfants oublis vite heureusement et nous qui avons trop de mémoire, avons du regret pour longtemps.

mardi, 10 février, 2009  
Blogger micheline a dit...

ne pas vider trop vite les corbeilles à papiers

mercredi, 11 février, 2009  

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