Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

05 mars 2009

LA VOISINE

CE FILS ?

- Voilà c’est fini !
- Elle ouvre les yeux, c’est bon signe
- Vous pouvez dire que vous nous avez fait peur !
Nous ? Elle aimerait soulever sa tête pour voir qui ils sont, découvrir ces gens qui ont tremblé pour elle. Mais la voisine les cache de ses rondeurs.
Elle se sent encore toute noyée. Elle referme les yeux, les ouvre. Il ne faut pas abuser de l’intérêt qu’on a pour elle. Elle est allongée sur le canapé de la voisine. Des cloches sonnent. Du palier viennent des voix chuchotantes qui oscillent, se rapprochent, s’éloignent. On se croirait à vêpres. Elle est peut-être en retard. Mais elle s’en moque. Ça n’a pas d’importance. D’ailleurs la voisine est bien d’accord avec elle. Depuis le temps qu’elle ne va plus aux vêpres !
- Et ben ça alors ! Qu’est-ce qui vous a pris ? Ça vous est déjà arrivé ? Vous inquiétez pas. Mon fils a ramassé vos paquets. Vous savez ce que c’est hein ! ici il vaut mieux ne rien laisser traîner !
Son fils ! c’est donc ça ! elle a un fils la voisine, c’est curieux elle ne l’a jamais vu ni entendu et où est-il ?
-Excusez-moi !
Les mots passent à travers le front, descendent dans les narines mais sortent du nez au lieu de passer par la gorge. Elle sent les lèvres obstinées à les rejeter vers l’arrière gorge ou par le haut du crâne. Il y a une mauvaise volonté générale à ne pas les prononcer, à ne pas les envoyer vers l’avant.
- Taisez-vous ! Ne parlez pas ! Reposez-vous ! Est-ce que j’appelle le médecin ? Le centre de santé est encore ouvert. Croyez-vous qu’ils se déplaceront, faudrait pas qu’ils vous envoient à l’hôpital
- non !
La glotte a bien voulu intervenir. Les lèvres s’entrouvrent suffisamment et le non a assez d’énergie pour que la voisine le devine et lui tapote les mains affectueusement, presque affectueusement …


- C’est à cause de cette odeur de pipi ! tient-elle à préciser …
- Le chien de Tabarini ah celui-là ! c’est mon fils qui vous a entendue, maman y a quelqu’un qui frappe à la porte ! Vous savez que je n’ouvre jamais à personne depuis cette histoire vous savez. Mais cette fois je l’ai écouté. Heureusement !
Elle se soulève sur un coude pour remercier le fils
- Restez tranquille ! Buvez un verre d’eau Voilà ! ça va mieux, vous reprenez des couleurs
- Vous m’êtes comme qui dirait tombée dans les bras
La voisine continue à tapoter gentiment. Comme elle est souriante ! Encore plus réjouie que cette nuit. Et bien démaquillée. Plus jolie même!
- Je vais aller me coucher. Si vous pouviez m’aider à ouvrir mon cadenas.
D’un coup elle s’est souvenu de sa bagarre épuisante avec les clés et les serrures. Et cette odeur sur le paillasson ! pouah !
- Votre fils …
Elle cherche du regard son sauveur si clairement désigné.
- Il est parti travailler
La voisine a surpris son regard
- Vous le remercierez pour moi.
Elle n’insiste pas. C’est déjà beau d’avoir découvert en une seule fois que la voisine ouvrait sa porte et ses bras et parlait de son fils !

1 commentaires:

Blogger micheline a dit...

toc, toc , entrez- c'est la voisine
oui c'est quand même bien d'avoir une voisine.

vendredi, 06 mars, 2009  

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