Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

06 mars 2009

LA VOISINE

DES BLEUS A L’AME

La nuit suivante – elle n’avait pas pris le somnifère – elle retrouva ces étranges évènements à se remémorer.
Une soirée sans télé. Un sommeil immédiat. D’ailleurs elle s’endort devant la télé. Une impression neuve d’un grand départ à accomplir. Le même réveil à 3 heures.
Ainsi la voisine avait un fils
Un garçon qu’elle n’avait jamais vu ni entendu
Il travaillait la nuit
La voisine parlait
La voisine avait été la bonté même
La voisine était un peu bavarde, volubile même. On la sentait plus jeune que l’âge dont elle l’avait gratifiée les rares fois où elle l’avait aperçue.
Peut-être pourrait-elle demander à l’épicier ou à sa femme ce qu’ils en savaient
Sous un prétexte ou un autre, le leur demander.
Frapper à leur porte d’appartement
S’inscrire sur une liste dans le quartier ; il n’en manquait pas

La vie était pleine de surprises et d’imprévus vraiment. Se croire perdue, dans un renfoncement d’immeubles, deux femmes seules qui ne se parlent jamais
Et découvrir, en somme, incidemment, que la voisine avait un fils ça alors !
Demain elle lui porterait un bouquet. Chez l’épicier il en restait de ces bouquets composés à 7 euros trente
Ou alors, carrément, traverser l’avenue du 10 Mai, le parc, jusqu’à Carrefour
Et puis passer au Centre de Santé pour faire vérifier la tension, le cholestérol, tout ça.
Ce serait une journée bien remplie
Dire qu’il y a deux jours à peine elle avait cru apercevoir un long couloir désert qui ne menait à rien
Qu’il y a tout juste une demi-journée elle avait cru sa porte fermée sans secours, sans recours, sans retour

Elle lut pourtant. Encore inhabituée d’avoir à prendre des initiatives pour le lendemain elle s’engonça dans sa vieille robe de chambre bleue en laine de Pyrénées et dans un roman de Françoise Sagan.
Les bruits rassurants de l’immeuble qui s’éveillait l’endormirent au matin dans sa position de lectrice studieuse, les lunettes un peu glissées sur le côté quand la tête vira à droite sur l’oreiller.
Agacée la phrase suspendue p 653 se disloqua sur le couvre-lit de cretonne rose … herbes séchées … odorantes … panier … …

Le somnifère conjuguait ses effets retardés à ceux de la lecture.
Elle dormait profondément, longuement, très longuement, absolument …

2 commentaires:

Blogger Solange a dit...

Elle s'endormie rassurée de ne plus se sentir seul.

vendredi, 06 mars, 2009  
Anonymous Anonyme a dit...

eh oui,la vie est pleine d'imprévus pour qui sait les voir et en jouir

samedi, 07 mars, 2009  

Enregistrer un commentaire

Abonnement Publier les commentaires [Atom]

<< Accueil