Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

21 janvier 2010

NOTRE PAIN


Et pourtant combien ce pain quotidien me coûtait à l’avaler. Je n’avais jamais faim. J’étais une « pouillante », une « grimacière ». on devait me « faire manger ». Il fallut bien trois années, quatre ou cinq peut-être, pour que je me décide à prendre la cuillère moi-même dans ma propre main. Pas faim le matin devant le bol de lait bourré de pain trempé, beurk ! pas faim à midi pour le pain qui doit « saucer », « pousser » dans l’assiette. Pas faim au goûter même avec chocolat incorporé ou mieux râpé sur la tartine de beurre. Et bien entendu pas faim pour la soupe qui elle aussi regorge de pain. Le pain est la base. Le pain est indispensable. Le pain est laïque à l’école, béni à l’église mais respecté partout. Dans les contes, dans les chansons, dans les comptines
Une poule sur un mur
Qui picorait du pain dur

Aussi est-ce par ce côté expressif que, finalement, j’ai fait alliance avec le pain, le pain de mon père, l’unique père qui est sur la terre :
Je suis faite de pain que pétrissait mon père
Dans la maie à cinq heures Qu’on nomme aussi pétrin
Du pain de nos javelles, du bon blé de nos terres
La batteuse au soleil alors tournait à plein

Parfois de ce pain blanc je lèche encore la croûte
Ferme par le dessous, brûlée par le dessus
Et sans faire de grimaces puisqu’il faut bien grandir
J’avale un gros chagrin sur mon morceau de pain
/…/
J’ai chanté la chanson toute entière pour les soixante ans de mon frère et il en a été ému aux larmes, lui qui ne me concède que très rarement quelques paroles sensées. Je l’ai chanté l’autre jour à la soirée « Mon voisin est un artiste » à Engins dans le Vercors et des personnes de mon âge sont venu saluer cette offrande à leur enfance. En particulier un Monsieur, Suisse, qui m’a remercié chaleureusement de lui redonner le goût de ce pain-là. Souvent dans les contes, dans les spectacles avec Claire, le pain quotidien revient témoigner de mon incomparable famille nourricière. Maintenant que j’ai gommé toutes ses exigences et ses exagérations !

( à demain si vous le voulez bien )

2 commentaires:

Blogger Unknown a dit...

Bonjour,
Je pensais vous souhaiter une bonne année 2010 de vive voix mais apparemment vous avez oublié "Les chemins de La Loue"............
Je vous envoie un plein panier de bonheur,d'amour et de joie.Bises Lucienne-Ercole

jeudi, 21 janvier, 2010  
Blogger Solange a dit...

Je ne connais pas cette chanson dont vous parlez. Maintenant je m'achète ce que nous appelons du pain croûté.

jeudi, 21 janvier, 2010  

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