Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

28 mai 2010

CENDRILLON


Qu’est-ce que les contes nous apprennent …
Colloque Arts du Récit 24 et 25 mai
CENDRILLON c’est moi bien sûr quand je lisais le conte dans le livre illustré que ma fée Marraine m’apportait de la ville.
Essentiellement pour la fin somptueuse, la robe, le carrosse, la pantoufle, le prince, la place unique, sans frères et sans sœurs, sans reproche et sans peur …
Et je n’ai eu de cesse de vérifier cette identité ma vie durant. Quelquefois les sœurs gagnaient avant moi, quelquefois je leur faisais mordre la poussière …
Bref ! quels que soient les parallèles entre une vie contée et une vie réelle, toujours passionnants à explorer, mon oreille dauphinoise a frémi quand j’entendis la causeuse linguiste élucider ce nom de CENDRILLON prédestiné aux métamorphoses « elle allait se mettre au coin de la cheminée et s’asseoir dans les cendres ce qui faisait qu’on l’appelait communément Cucendron. La cadette, qui n’était pas aussi malhonnête que son aînée, l’appelait Cendrillon. » Perrault
Et Henriette Walter de décliner ce nom dans les différentes régions « Sandrouillonne … » cite-t-elle. M’y voilà au coin du feu ! « Sandrouille » dit ma mère quand je manque de soin, suis mal lavée, n’ai pas rangé mes affaires, « Sandroye » en patois ( le franco provençal). Na sandrOOOOOOYE ! insiste-t-elle ! 70 ans après je sens se lever une joie délirante. Ainsi le conte n’est pas cantonné dans les livres. Il a été viré dans mon patrimoine génétique ! ne serait-ce que par un seul mot ! il fait partie de moi comme je me suis installé en lui ! nous, ma tribu, sommes les descendants légitimes pas encore totalement détrônés d’un langage né de nos terres lourdes, de notre accent fertile, de nos imaginations paysannes. Nous, pas encore éteints, vivants dans le conte et du conte, pour la ligne tracée au départ vers l’ascension sociale, vers le bonheur de faire sa vie en la rêvant plus belle …

« La beauté, pour le sexe, est un rare trésor
De l’admirer jamais on se lasse
Mais ce qu’on nomme bonne grâce
Est sans prix, et vaux mieux encore.
C’est ce qu’à Cendrillon fit avoir sa marraine
En la dressant, en l’instruisant,
Tant et si bien qu’elle en fit une reine »

Merci Bonne Marraine d’avoir si bien pour moi
Accroché la pantoufle aux étoiles sans nombre
D’avoir dans mes cheveux mis le ruban des songes
Et de m’avoir fait reine en instruisant le roi
Merci ma bonne école Laïque et Normale
D’avoir hissé mon nom dans la liste au loto
Où l’on gagne un soir calme à se lever très tôt
Où on est laboureur et enfant de la balle.
Sandroye si l’on veut ! la sandroye m’est chère
Tout comme la cumakje* sur les chenets en fête
D’avoir posé son cul sur les réalités
Jusqu’à ce que les mots lui montent à la tête
Et tressent une couronne de diamants et de vair.

Ce qui, tout conte fait, est bien à la portée
D’un quelconque quidam bien ou mal né coiffé !

*cumakje la marmite, l'ulle * photo de mon arrière-grand mère : "la gran"

1 commentaires:

Blogger Solange a dit...

Elle avait l'air d'une femme de caractère votre grand-mère. Je souhaite une bonne fin de semaine à Cendrillon.

samedi, 29 mai, 2010  

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