Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

22 juillet 2010

Grignan/ festival de la correspondance



Quand un rosé s’installe à la table à écrire
Et se met à parler en gouttes occitanes
Qu’un fin brouillard descend rafraîchir les délires
De quelques mots cachés dans le fond de nos âmes
Quand de jeunes mariés, à moi qui suis grand-mère
Ont des sourires si doux qu’on dirait des enfants
Quand le mur recrépi réverbère la lumière
Sur des corps dessinés qui touchent à l’horizon
Non je ne doute pas ! Non je n’ai peur de rien !
Je sais boire et chanter, je sais lire et écrire
Tout ce que j’ai rêvé je le tiens dans mes mains
Et la pointe d’un sein équivaut à la lyre
Pincée par quelque Dieu ou par quelque satyre
Qu’importe le passé, le présent, l’avenir
Le temps a posé patte sur le bord du chemin.

Dimanche après-midi . Je ne voulais pas quitter le festival sans une halte d’écriture dans une de ces chambres du même nom que les habitants de la ville offraient aux visiteurs. Courettes qui s’ouvraient à l’invitation, fleurs tranquilles dans leurs couleurs d’été, fruits même, abricots, mûrs au dessus des murs …
Celle-ci devait être la dernière. A 6 heures j’avais rendez-vous avec Pierre et Michèle pour rentrer chez nos hôtes. Je ne voulais qu’y déposer la lettre que je venais d’écrire à Frédérique, assise sur un seuil de pierre en dessous du château
C’était un atelier de peintre.
J’ai posé la lettre dans une des boîtes de récupération. Bien garnies déjà. Ça sentait la fin décrétée pour six heures. Se trouvaient là, un bébé endormi dans une poussette, un festivalier au travail dans un angle, quelques observateurs devant les tableaux et une poignée d’écriveurs autour d’une longue table en bordure d’un bassin. Je fis un tour de salle pour regarder les tableaux de nus qui mêlaient à mon goût la maîtrise classique à une fantaisie rythmée. Il y avait une petite brise qui circulait dans ces images et je reçus sur le visage, passant d’un espace ouvert sur la ville et le ciel à celui qui contenait la table et le bassin, un agréable nuage de gouttes rafraîchissantes. Un rideau d’eau descendait du plafond.
Je m’assis à la table. J’avais oublié l’heure.
Le peintre nous offrit un petit rosé, reliquat dit-il de son vernissage. Je ne savais pas si j’allais écrire, ni à qui. J’ai posé mon sac, mon chapeau, mon tabouret. Les mots sont arrivés doucement entre deux gorgées. Les tableaux continuaient leur brise légère, le bébé son sommeil … les visiteurs ne respectaient pas le silence des attelés à la correspondance mais l’atmosphère était à tous les possibles.
J’adressais mon texte brut à qui avait préparé pour nous ce lieu d’accueil. Jean-François Blanc 14 rue St Louis Grignan. Il m’a suffi de lire l’affiche.
J’étais bien. J’étais là.

1 commentaires:

Anonymous Gazou a dit...

Nous irons peut-être à Grignan..Peut-on voir les oeuvres de ce peintre ?
Je t'embrasse

mardi, 27 juillet, 2010  

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