Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

10 décembre 2011

lettre d'Amérique 5


Les avions n’ont pas le temps de tout enregistrer qu’ils envoient déjà l’escadrille suivante sonder les intentions de nos hôtes.
Je t’ai oubliée Léo ? non ! Cette lettre ne t’es pas réellement destinée, pas plus que les précédentes ne l’étaient à tes voisins de blocknotes. Pourquoi avoir choisi ces fameuses lettres pour ME parler de Mon voyage ? mon voyage oui, et parce qu’il es d’abord le mien, même si je suis montée dans celui de Pierre, je veux qu’i reste lié au reste de ma vie, qu’il joigne mes impressions d’ici à mes émotions de là-bas. Bref ! que les dollars soient américains ou canadiens mais que la monnaie rendue soit ma monnaie. Et avant tout : que ce voyage me permette par l’écriture, le dessin, l’aquarelle de trouver marque sans laquelle il n’y a pas de pays au monde, ni d’instant qui vaille la peine d’être vécu.
Tu es une de ces émotions de là-bas avec lesquelles je suis partie. Je t’ai vue deux fois dans la journée, le matin quand je suis allée porté tes pelotes de laine, tes aiguilles, les livres qui pourraient te distraire de ta peine, de l’ennui, sans te détourner de ta quête difficile : un livre en espagnol, 2 de poésie ( l’amour et l’amitié, la maison) ce Richard Bach que j’ai retrouvé, « le messie récalcitrant » et puis cette peinture de Bretagne qui m’était si chère, faite dans le port d’Erquy, avec les petites filles qui m’entouraient de leur bavardage et de leur affection spontanée. Comme toi. Des petites filles si vibrantes, si simples dans leur adhésion au monde que je prenais comme un cadeau leur présence. Comme je prends comme cadeau la tienne.
Cadeau difficile. Cadeau. Comme les vrais cadeaux qui s’adressent au profond de nous-mêmes, à ce mystérieux dedans de nous-mêmes que nous osons rarement mettre dehors tant nous avons encore peur qu’il choque. Le meilleur de toi pour le meilleur de moi. Et inversement.
Cette année, après beaucoup de bredouillage, barbouillage, je sens que ce qui vient sous mes doigts commence à ressembler à ce que je vois, à ce que mes yeux voient du monde. Je pense : parce que mes yeux commence seulement à voir. Leur propre regard. Le miracle – car c’en est un- survient quand le regard de l’autre correspond justement à ma vision. En somme et pour conclure : chère, très chère, la p’tite G se reconnaît dans la grande L. et quand celle-là a mal, celle-ci a le tripes nouées. Mais quand elle rit, elle chante d’allégresse.
Voilà ce que j’avais à te dire, à me dire, ce jour de fête du travail où tout le monde à Toronto n’en fout pas une rame.

1 commentaires:

Blogger Solange a dit...

La fête du travail, c'est donc en septembre que vous êtes venue?.

mardi, 13 décembre, 2011  

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