Mots et couleurs
textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles
31 octobre 2012
30 octobre 2012
17 octobre 2012
à force
« À force de miroirs
On m’avait rendu sage
Et je me répétais
Dans toutes les images
Mais voici que se rompt
La digue de mes craintes
Je me rejoins enfin
Dans l’eau de ma naissance »
Hélène Cadou « en ce visage l’avenir »
***
À force de parler
J’appartiens au silence
Je sais qu’il a bon goût
Au fond de mon gosier
Et courbe et penchée
À force de me tendre
Je vais marcher plus droit
À force de tomber
Reprenant l’un de l’autre
Quand nous quittons l’unique
Nos doubles transparences
Nous sommes, nous serons et nous avons été
L’espoir, le souvenir
De l’instant conjugué
Que nous vivons déjà
Dont nous avions rêvé
16 octobre 2012
1+1+1+ ...
Seulement
Seulement pour dire un peu plus
je referai le même signe
de tendre la main vers les mots
Seulement pour boire la lumière
j’ouvrirai tout grand la fenêtre
qui donne sur le paradis
Seulement parce que je respire
j’irai vers la forêt des livres
et je m’y perdrai sans remords
Et s’il y a trop de lumière
trop de mots dans le dictionnaire
j’agrandirai avec ma tête
avec mes mains et ma poitrine
la brèche de mes illusions
jusqu’à rejoindre le frisson
originel
09 octobre 2012
sur le tapis
Pour arrêter la sarabande
Des mots, des idées, des souris
Il me faudrait planter ma tente
Hors de la nuit
« Pour arrêter la CENIGOGUE
Tu veux dire ! - me reprend ma mère
Qui s’y connaissait en turbin
Des méninges et des mélasses -
"Attends demain ! »
Et je découpe sur le marbre
À petits coups de partaret
Quoi ? Des lambeaux d’une mémoire
Quelques soufflets ?
Des soufflets, des gifles, des claques
Somme toute il y en eut si peu
Il fallait bien me mettre en boîte
Il fallait, l’envie, me faire passer
Comme le fil dans l’aiguille
tomber les prunes du prunier
Et ma mère, la pauvre, la garce
Accepta de faire le boulot
Si bien que j’acceptais la suite :
Réduire mes enfants en purée
Bien souple, digeste, bien cuite
Pour ceux qui voudraient en manger
Dors ma fille ! et Dors ma mère !
Dormez doucement dans mes bras
Nos nuits voguent vers la lumière
L’âne rouge a cassé son bât
08 octobre 2012
c'est dimanche
C’est dimanche
Nous nous décidons pour les hauteurs de la Bastille puisque
la brume semble décidée, elle, à quitter la vallée
C’est dimanche
L’humanité en marche, en rollers, à pieds, à pince et sans
voiture, s’est faite détendue, familiale, sportive
Au restaurant les garçons, teint
crème ou teint café, sont beaux, courtois, efficaces. Il y a place pour tout le
monde.
Viennent s’installer près de nous
une vierge à l’enfant. Extase du grand-père qui visse son front sur le front de
la petite ( oui je te dis que c’est une fille ! tu paries ?).
Compétence de la Mamie qui prend dans les bras le paquet rassasié quand le sein
maternel se cache pour se restaurer lui-même. Attention de la grande sœur qui
ne veut rien perdre de la scène et des bras alentour.
C’est dimanche
Ce pourrait sans doute être lundi
mais il se trouve que c’est dimanche aujourd’hui sur toute la ligne d’horizon …
07 octobre 2012
la petite joie du matin
C‘est comme si on avait passé mon sang au tamis pour en
chasser les globules noirs
La petite joie du matin fuse. Elle est dans mes
pieds nus qui empruntent à l’herbe mouillée les gouttes.
Elle est dans ma main droite qui
tranche le pied des sanguins, les champignons de la nuit, passe à la main
gauche qui les stocke en pyramide
Elle est dans
mes yeux qui arrondissent autour des premiers aperçus de la fenêtre leur
découverte. Là, et puis là, là encore sous la haie, à nouveau près du pied
coupé de la veille.
Elle est dans
la mémoire qui tend le panier rond lui aussi, ce panier que le Gène avait
tressé avant le voyage aux antipodes et vendu au profit du Club des anciens. Le Gène, notre voisin qui alla chercher la sage-femme en moto pour me donner le jour ! sacré bonhomme le Gène ! Sacré don du jour
Sacrée petite
joie du matin ! Joie sacrée !
06 octobre 2012
La Bénissons Dieu !
une tuile du temps où les toits espéraient en direction du ciel ...
je viens de faire réparer le toit ...
la maison de pisé se porte bien malgré les saisons
aussi elle m'encourage à attendre l'hiver en travaillant aux projets du printemps
De mon petit projet j’ai pris la mesure et l’audace
Il me plaît de filer d’un trait dans cet espace
Où la sève des mots rejoint l’odeur du vent
Où la courbe adoucie calcule l’angle des sources
Où tout l’or du couchant rassure enfin le givre
Où ta main m’accompagne
et où
l’ardeur de vivre
Simplement se fait place
04 octobre 2012
les filles de l'automne
à Lisa, Corinne, Frédérique, Aneta ...
L’automne est la saison où les feuilles flamboient
Où l’herbe humide crée des champignons de lune
Châtaignes en purée ou salades aux noix
Chevilles en chaussettes et chapeaux neufs à plumes
Les filles nées en automne ont ce je-ne-sais-quoi
Un teint chaud de l’été, un souffle frais d’hiver
Elles aiment à marcher, à courir dans les bois
À l’arrêt sur image elles préfèrent le concert
Les filles de l’automne comme les hirondelles
Naviguent vers le sud pour y trouver la chance
D’un horizon nouveau convenant à leurs ailes
D’un printemps amoureux caché au cœur des plantes
Et gaies comme pinsons, fraîches comme les nuits
Elles aiment simplement la joie qui les vit naître
Si elles n’ont peur de rien c’est qu’elles n’aiment à demi
Mais à 200 0/0 pour le plaisir de paître
Chaque jour que Dieu fait dans les prés de la vie
01 octobre 2012
tombés bien bas
« Nous voici tombés bien bas » Maurice Blanchot
« le livre à venir »
Nous voici donc, comme qui dirait
tombés "su le cul"
Un peu ébranlés
du fondement, nous nous regardons éberlués. En un regard tout y passe :
nos lectures philosophiques existentielles, notre poésie hermétique et
herméneutique, nos jardins délirants avec compost intégré et récoltes à
congélateurs géants, nos famille composées, surcomposées et décomposées, nos
maisons, édifices, édicules, à la ville et à la campagne, nos voyages interplanétaires
et ballades dominicales … toutes nos vies
au long cours et aux petits oignons.
Et nous éclatons
de rire.
Simultanément,
d’un commun accord et sans barguiner, un bon rire énorme, pantagruélique,
viscéral, cérébral et tellurique secoue notre bonne vieille carcasse des pieds
à la tête, de la terre à la lune.
Tombés bien bas
1-
par principe d’humilité
2-
par protection
divine et comme par hasard
nous nous relevons
moulus et contents.
Et nous nous tombons
dans les bras l’un de l’autre mon frère, mon ami, mon fils, mon camarade …
Il était temps !