Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

28 janvier 2014

ART'MOUR


« Et jusqu’au fond des temps, il y a eu le dialogue passionnel et ininterrompu des chamanismes entre le visible et l’invisible, le monde révélé et les arcanes, la nature dont nous sommes part et son créateur. Je viens à m’interroger si la science contemporaine, lorsque sa hargne contre le sacré cesse, n’est pas aussi un possible de cet éblouissant héritage du chamanisme »

Christiane Singer «  Derniers fragments d’un long voyage » 
***

" à peine une aquarelle est-elle faite( en 10 à 15 mn), voilà que j'étale une feuille de papier sur ma planche, et avec beaucoup d'eau, les couleurs, les rouges surtout, pour crier, crier malheur, crier détresse, crier délire, crier tout ce qui crie à ce moment et veut se jeter au dehors ( qui n'est pas nécessairement moi  ...
Ce que c'est ? eh bien cela vient en criant, voilà ce qui m'importe.
Comme j'ai le coeur léger après tout cela, malgré l'épuisement !
Quel bien je me suis fait ! si je pouvais faire à d'autres seulement la moitié du bien que je me fais, je n'aurais pas de gêne à aller fréquenter le monde. Qui peut donner cela ne peut être mal reçu.
Je partirais avec la conscience tranquille d'un bon médecin.
hélas c'est intraduisible !" 

Henri Michaux " En pensant au phénomène de la peinture"

16 janvier 2014

ST Vincent

patron des vignerons, libations poétiques prévues ce vendredi à Mèze, j'y trinquerai avec mon copain Ernest présentement occupé et pour un bout de temps dans les vignes du seigneur et avec toi bien sûr Papa !


Tiens Ernest ! Hier soir, ton vin …
Ton Clinton cliquetant de reflets de lumière
Ton élexir ambré, ta cuve coutumière
Veux-tu que je te dise ?
Ce n’était pas du vin …
Ce n’était pas un verre tenu entre nos mains
Même pas un calice, même pas un hanap
Même pas un berceau calé sous une grappe
C’était un mot nouveau qui coulait dans mes reins.
Dans mes reins ! C’est peu dire …
C’était dans mes naseaux, c’était dans mes prunelles
Que ruisselait le sang revenu de la treille
Plantée par mes ancêtres sur le flanc d’un coteau.
Le cep que mon père avait utilisé
Pour me mettre au monde où je reste antée
Dessinait dans le verre une crosse coquine.
Moi, pour mieux y puiser, je repris la chopine
Et, sans honte aucune, j’en fixais le goulot.
Alors je vis – c’est fou comme l’œil s’écarquille
Lorsque l’esprit du vin arrive jusqu’aux filles –
Très nettement, aux Nappes, mon père dans ses vignes
Et qui riait.
                        Bon Dieu ! Comme il riait mon père
À voir deux de ses filles se prendre une mufflée 
Oubliant les principes, les lois et les secrets
De famille bien sûr et de confessionnal.
Quand j’aperçus ma sœur qui franchement buvait
Je compris qu’elle aussi venait de voir Al Phonse
Pique-plante observant que, tout comme bons mâles,
Les petites enfin, en pente, avaient la dalle.

Tiens Ernest ! Hier soir, ton vin
Je ne sais l’appeler car c’est lui qui m’appelle …
Lui, cet indéfini de couleur vermeille
Il me chante en riant un air
de rinquinquin.

15 janvier 2014

c'est pas pour dire ...


C’est pas pour dire  …

annonçait la prêtresse
Et pourtant elle disait
disait l’emporte-pièce
disait le fiel
disait la trace dérisoire
que font les pas perdus sur le seuil des chemins
 
Un jour pourtant
partie de peu, partie de rien
la prêtresse quitta la place du village
 
Elle partit d’un pas sûr
vers un autre horizon dont elle pressentait la voilure
 
Elle chante, elle ne dit plus
Elle ne conteste pas
 
Elle accueille le jour des deux bras